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Le mal-être des jeunes explose, que faire ?


A l’occasion de la Journée nationale de prévention du suicide du 5 février 2023, Santé publique France a rendu publics le 14 février 2023 des bulletins de santé régionaux dont émane une sérieuse alerte à propos de la détérioration de la santé mentale des jeunes depuis la crise sanitaire.


Alors que leurs hospitalisations pour tentatives de suicide baissaient depuis 2010, la situation s’e


st inversée depuis le dernier trimestre 2020. Le suivi des « conduites suicidaires » (idées suicidaires, tentatives de suicides et suicides) fait apparaitre à partir de cette année une augmentation des idées suicidaires et des tentatives de suicide, «particulièrement chez les jeunes de 10 à 24 ans et de sexe féminin », sans que leur taux de mortalité par suicide ait toutefois augmenté de façon observable jusqu’au premier semestre 2021. De fortes disparités régionales sont signalées, mais, globalement, la proportion de jeunes ayant connu des épisodes de dépression a pratiquement doublé chez les 18-24 ans entre 2017 et 2021, passant de 11,7% à 20,8%. Cette hausse de 80% est nettement plus manifeste chez les jeunes femmes (26,5% ont connu un épisode dépressif en 2021) que chez les jeunes homme (15,2% sont concernés).


Comment expliquer ce phénomène ?


Ces graves signes d’altération de la santé mentale des jeunes ont débuté pendant l’année 2020, surtout à partir du second confinement, à l’automne, puis une « dégradation continue » a été observée depuis cette date, avec « accentuation » au premier semestre 2022. Le lien de cause à effet entre la crise sanitaire et cette détérioration n’est pas démontré, mais il est estimé « probable ». D’autres facteurs complémentaires sont envisagés : « les difficultés économiques, la situation internationale ou les problèmes environnementaux ».


Les singularités du suicide à l’adolescence


L’adolescence est une période marquée par un entre-deux : l’adolescent n’est plus un enfant et pas encore un adulte. La complexité de cette transition est aujourd’hui augmentée du fait d’une délimitation de l’adolescence moins nette qu’auparavant. La sortie plus rapide de l’enfance et le passage plus chaotique à l’âge adulte brouillent le début et la fin de l’adolescence. Chez les jeunes en souffrance les troubles des conduites et l’inadaptabilité sociale sont beaucoup plus précoces que par le passé, en particulier les violences contre soi ou contre les autres et l’exposition de soi par le biais d’internet. Les jeunes ne sont pas plus nombreux à aller mal à l’adolescence, mais ceux qui sont en souffrance, vont mal plus tôt et sans doute de façon plus marquée.


Les pratiques numériques – qui jouent aujourd’hui un rôle prépondérant dans la vie de la plupart d


es adolescents – ont parfois pour effet de réduire leur durée de sommeil, de diminuer leur activité physique et de les surexposer aux médias. Or, ce trio de facteurs est associé fortement aux idées suicidaires et aux symptômes dépressifs et anxieux.


De plus, l’usage des technologies numériques creuse les inégalités entre les jeunes face au suicide. Il présente en effet un atout pour les adolescents qui évoluent dans un environnement familial et scolaire sécurisant et qui vont bien, mais constitue un espace qui expose les plus vulnérables à la souffrance et au risque suicidaire.


Le risque de « contagion » des comportements suicidaires chez les jeunes peut, dans certaines circonstances particulières, être amplifié par le biais des outils numériques, notamment des réseaux sociaux qui peuvent véhiculer des informations et des images spectaculaires ou romancées du suicide. Les jeunes semblent ain


si particulièrement sensibles à cet effet d’imitation, notamment lorsqu’ils sont confrontés au suicide d’un pair.


« La conjonction de la place plus importante des mondes virtuels, de la diminution du rôle sécurisant des familles et de l’exigence de performance, associée aux changements psychiques et physiques spécifiques à l’adolescence, doit ainsi être interrogée comme facteur aggravant du mal-être et comme éventuelle contribution aux conduites suicidaires chez les adolescents. » conclut le rapport de l’observatoire national du suicide.

Comment prévenir ?


Chez les jeunes, les usages de substances psychoactives, le décrochage scolaire et les symptômes dépressifs pourraient être utilisés comme des indicateurs pour le repérage de profils d’adolescents présentant un risque accru de conduites suicidaires.


Pour prévenir, des solutions existent :

· Le numéro national 3114, de prévention du suicide ;

· Lespace dédié à la santé mentale sur le site internet de Santé Publique France

· D’autres acteurs contribuant à l’écoute et à l’aide aux personnes en situation de mal-être : psychologue, psychiatre, coach, thérapeute, éducateur de l’établissement…

· En prenant soin du corps et de ses émotions, en accompagnant le jeune à être ancré dans le réel


Si l’évolution préoccupante de la santé mentale concerne les jeune, Santé publique France rappelle que la plupart des décès par suicide « concernent les adultes de plus de 40 ans, majoritairement des hommes », et que le taux de suicide reste le plus élevé chez les seniors des deux sexes. Une prévention du suicide à tous les âges de la vie – et n’excluant aucune catégorie de personne – reste un enjeu majeur de santé publique.



Article inspiré par Le Monde et Santé Publique France

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